Trouver l’équilibre entre des règles communes et la liberté du co-entrepreneur formateur
On ne peut être architecte, infirmière ou formateur seulement parce qu’on le souhaite. Il faut aussi être déclaré apte par la société. Cela se traduit par l’inscription à un ordre professionnel pour les deux premiers ou par une règlementation nationale de ses activités pour ce qui concerne les formateurs. Comprendre cela et l’accepter est un premier effort que tous les formateurs doivent faire pour ensuite se projeter dans le futur de leur activité professionnelle. Vouloir s’exonérer de la règlementation et du référentiel national qualité (RNQ) n’est pas se projeter dans son avenir professionnel. Le mouvement de fond pour la qualité en formation est parti des précédentes réformes et ne fera que s’amplifier à l’avenir, et ce n’est pas une question politique. C’est bien une dynamique relayée par les professionnels, contraints, c’est vrai par l’élan national depuis la législation portant le RNQ. Cet élan a lui-même pour origine la participation financière de l’Etat (et plus globalement des fonds publics) dans l’investissement en formation des individus dans la lutte pour l’emploi. Cette lutte n’est pas prête de cesser.
La litote que j’emploie peut-être trop souvent me semble néanmoins vraie : la certification qualité ne doit être qu’un prétexte à engager les co-entrepreneurs formateurs dans l’amélioration de leur « professionnalité », dans le sens de leur identité de formateur selon la définition de R. Wittorski. Le collectif d’une CAE dispose d’une puissance de feu que peu de centres de formation et qu’aucun formateur indépendant ne peut mettre à l’oeuvre pour accompagner cette quête de « professionnalité ». Si dans nos CAE nous ne parvenons pas à changer le regard sur la certification qualité ; à agir pour que les co-entrepreneurs formateurs s’approprient le référentiel et l’utilisent pour améliorer leurs outils et leurs méthodes ; si nous considérons que la démarche qualité consiste à remplir des documents et cocher des cases, alors nous aurons raté une occasion de coopérer pour pérenniser les activités de nos entrepreneurs formateurs.
Une fois que la problématique de fond est posée, il reste à traduire le discours en actes et en outils d’accompagnement pour les co-entrepreneurs formateurs. Pour les personnes en charge de la préparation à la certification qualité dans les CAE de formateurs, le piège qu’il convient d’éviter est de rompre l’équilibre entre des règles communes nécessaires et la liberté du co-entrepreneur dans la conduite de ses activités. En gardant à l’esprit de ne pas mettre le pied dans le collet à chaque moment de la rédaction de processus nouveaux ou révisés, les responsables qualité de CAE de formateurs participeront à l’engagement de tous dans la réussite des audits de certification. Ils participeront à faire porter le regard des formateurs au-delà des contraintes inévitables de règles communes et, au bilan, à consolider les activités formation de tous les co-entrepreneurs.