Auteur : 
Florent BELLOUARD
 

« Qui penserait que pour construire un violon, il faut d'abord tracer deux pentagones dans un cercle ? » soulignait le célèbre Stradivarius. Symboliquement, le cercle représente le tout fini et infini, l'unité et le multiple, le plein et la perfection comme l'est le créateur de l'univers. Sans se hasarder dans la quête du point d’origine, le projet Circle reste néanmoins une entreprise ambitieuse. Comme le résume Philippe Veran, son CEO : « il s’agit, en regroupant un ensemble de savoir-faire techniques, numériques et technologiques, de permettre la fabrication de produits de qualité à des tarifs très compétitifs. »

Pour le chef d’entreprise de Salon-de-Provence, expert-comptable de profession, l’aventure a commencé en 1987. Il s’associe avec Bruno Thévenet, propriétaire d’une entreprise de prothèses orthopédiques. Parallèlement, il acquiert la société et le brevet d’implant dentaire d’un de ses clients dentiste Francis Poulmaire. La petite entreprise n’a pas connu la crise. Le groupe, chapeauté par sa holding Upperside, emploie aujourd’hui environ 734 salariés et a réalisé, en 2017, un chiffre d’affaire consolidé de 85 millions d’euros avec une marge Ebitda (Earnings before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization) ou d’exploitation de 12 % par an.

Le secteur dentaire : moteur de croissance

Bien que le groupe ait diversifié ses activités (sports d’hiver, impression 3D pour l’industrie, cosmétique, matériel médical spécialisé), le moteur de sa croissance reste le secteur dentaire, avec trois produits phares : l'implant dentaire (la vis en métal qui permet d'accrocher une prothèse dans la mâchoire), le pilier prothétique (support fixé sur l'implant pour recevoir le bridge ou la couronne) et l'aligneur de dents transparent fabriqué par sa filiale Smilers, créée en partenariat avec le groupe Gorge. Ces performances ont d’ailleurs été remarquées par la banque publique Bpifrance qui a proposé à la société d'intégrer son accélérateur d'ETI (voir encadré). Il bénéficie ainsi d'un accompagnement sur-mesure afin d’accélérer son développement. L’objectif est de doubler le chiffre d’affaire en deux ans pour atteindre 120 à 130 millions d’euros et de dégager une marge d’exploitation supérieure à 20 %.

Des prix alignés sur les produits chinois

L’enjeu est en effet de taille. Face à une concurrence à bas coût de prothèses fabriquées notamment en Chine et au Vietnam, produire français n’est pas évident. C’est pour relever ce défi industriel et économique que le projet Circle a vu le jour. « C’est l’avantage d’une chaîne collaborative, elle permet de baisser les prix des prothèses de 40 % à 50 % et de nous aligner sur ceux de la Chine », souligne Philippe Veran. « Nous avons rassemblé onze partenaires comme le suisse Imetric ou le montpelliéro – grenoblois Anatoscope, spécialiste de la reconstruction anatomique 3D. Notre solution est protégée par quatorze brevets », ajoute le PDG.

Le patron s'appuie également sur le savoir-faire d'une autre de ses entreprises : Poly-Shape. Celle-ci dispose du plus grand parc européen d'imprimantes 3D métal . Elle travaille notamment pour les secteurs de l'aéronautique, de l'automobile et de l’énergie. « Nous avons ainsi une solution intégrée qui permet d'aller de la prise de l'empreinte numérique des dents par scanner intra-oral par le dentiste, à la fabrication chez nous du produit métallique via une imprimante 3D, en terminant par le prothésiste, qui réalise la partie en céramique», se félicite Philippe Veran.

Une solution à destination des prothésistes

« Il n’est pas question pour nous de proposer nos services directement aux dentistes. Nos clients sont les prothésistes dentaires exclusivement », souligne le PDG. Avec Circle, pour le prothésiste, le schéma est donc simple. Il scanne les empreintes physiques ou réceptionne le fichier numérique directement. Il modélise la prothèse aidée par l’intelligence artificielle de nos logiciels propriétaires, envoie le fichier à travers une interface très ergonomique spécialement développée, et réceptionne in fine le produit sur mesure qu’il a commandé pour caractérisation (personnalisation des dents prothétiques standardisées). Depuis 30 ans, notre système repose sur l’écoute de nos clients. Nous sommes en perpétuelle recherche de nouvelles technologies, de nouveaux produits, de nouvelles machines afin d’apporter le plus grand bénéfice à nos clients. Notre volonté est d’accompagner les prothésistes dentaires dans cette révolution numérique, et on estime que 40% des laboratoires de prothèses devraient encore muter vers cette technologie. Ils ont d’ailleurs la possibilité de bénéficier de 20 % de remise grâce à notre système de crypto-monnaie, le Circle coin », argumente Philippe Veran.

Toujours selon le patron de Circle, « les prothésistes n’ont d’ailleurs pas vraiment le choix de la digitalisation. Face à la concurrence étrangère, face à l’équipement massif et rapide des cliniques dentaires, ils ne pourront pas rester compétitifs s’ils ne mutent pas. » Et Philippe Veran d’ajouter : « les patients souhaitent des prothèses dentaires de qualité au meilleur prix. La technologie aujourd’hui le permet. Les solutions technologiques s’imposeront donc très rapidement ».

Florent Bellouard

 

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