Auteur : 
Sandrine Mathon
Pouvez-vous résumer en quelques mots votre parcours à Crealead ?

Je suis entrée à Crealead en septembre 2014. Je suis assez vite passée en CDI à l’ancienne (avant que cela devienne le CESA) en avril 2015, puis associée en janvier 2016.

Avant de devenir associée, je n’allais pas vraiment aux collectifs métiers (aujourd’hui pôles d’activités). En 2016 je me suis engagée dans le comité de rédaction des statuts de la future SA, statut qu’à pris Crealead en janvier 2017, et j’ai trouvé ça fantastique. Cela a l’air aride, mais en fait cela implique de se poser des questions par rapport au projet collectif.

Quelles étaient vos motivations pour candidater au CA ?

Je ne pouvais pas candidater aux premières élections, car il fallait deux ans de sociétariat minimum, mais l’expérience précédente m’avait donné envie de m’impliquer. Quand a été créé le statut d’administrateur junior, en 2017, je me suis présentée car je trouvais intéressant de participer au projet collectif, de participer aux débats. A la fois c’est une opportunité donnée de participer plus qu’en tant que simple associé à l’avancement du projet collectif. Et puis c’est un peu une forme de devoir.

En juin 2019, je suis devenue administratrice de plein droit, suite à des démissions, réélue ensuite en novembre 2020. En 2024, je terminerai donc mon deuxième mandat, sept ans de présence au CA. Je ne vais pas me représenter car j’ai déménagé à Strasbourg donc c’est un peu plus compliqué, et puis je suis élue au CA de la fédération des CAE depuis décembre 2021 et c’est très prenant de faire les deux à fond.

Je défends l’idée que dans une coopérative on doit montrer l’exemple d’une démocratie d’entreprise. Et le fait que les administrateurs tournent en fait partie.

C’est bien qu’il y ait de nouvelles idées et de nouvelles personnes, car c’est du boulot et des responsabilités.

Est-ce qu’il y a besoin de compétences spécifiques ?

Je suis entrée au CA alors que je n’avais qu’un an de sociétariat (en tant que junior), donc non il ne faut pas de compétences particulières. Le CA c’est un collectif, un groupe, sur l’ensemble il est rare qu’une compétence soit complètement absente. Et puis on a l’appui de la structure, pour le budget on a Jérémy qui vient nous l’expliquer par exemple.

Et puis on peut toujours se former, en particulier sur les aspects techniques. Mais plus important que les compétences, il y a la notion d’engagement. Car c’est une fonction où il faut s’engager, sacraliser le temps consacré. Savoir se dire je vais vraiment mettre le temps nécessaire dans cette fonction. Il vaut mieux faire un mandat à fond que trois à moitié.

Après ce qui est très important c’est le savoir-être : la curiosité, l’humilité (passer outre ses idées reçues, les décisions à prendre sont toutes en nuances) et être capable d’exprimer son opinion de façon indépendante. Quand les différents points de vue peuvent vraiment s’exprimer, on prend des décisions équilibrées.

Il est essentiel aussi de se former à l’histoire du mouvement coopératif, des CAE. Quelle est la place de Crealead dans cet écosystème ? Car cela sert aussi au moment de la prise de décision.

Mais de manière générale, les aspects techniques ne sont pas les plus importants. Le rôle du CA est d’être à un niveau plus stratégique. Il faut arbitrer les priorités, trouver l’équilibre entre porter les ambitions du collectif et protéger la coopérative, aller à la bonne vitesse, faire les bons investissements…

Est-ce que ce rôle d’administrateur a changé votre regard sur la coopérative ?

La complexité de la prise de décision donne un peu de recul. Ce n’est pas parfait mais ce n’est pas si facile à mettre en œuvre. Cela amène un regard nuancé sur ce qu’on fait à Crealead et à donner de la perspective. De se dire qu’on n’est pas dans une coopérative seulement pour faire vivre son activité d’entrepreneur. C’est une belle aventure humaine. Même quand le groupe fonctionne parfois moins bien, la cohésion d’équipe cela se travaille. Cela fait partie de l’exercice, il ne faut pas ce soit une raison de reculer.

Si vous deviez convaincre un co-entrepreneur de se lancer, que lui diriez-vous ?

C’est hyper enrichissant, on apprend tous les jours, c’est très gratifiant de participer au projet collectif. C’est là où le fait d’être dans une coopérative prend tout son sens : on est dans une gouvernance partagée, c’est très intéressant même à titre personnel. Donc il faut y aller, il ne faut pas hésiter : on n’est pas engagé pour la vie.

Plus nous serons nombreux à être passés par le CA, plus notre vision en tant qu’associé sera différente. Cela apporte beaucoup de hauteur de vue. Tout le monde peut y aller, et quand on a un doute sur quelle décision prendre, on a la boussole collective comme référence.

J’aimerais vraiment qu’il y ait plus de candidats que de postes à pourvoir, pour qu’il y ait une vraie vitalité de l’exercice démocratique.

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