Fort de mon expérience de développeur en zone tropicale et notamment dans l'Océan Indien, j'ai eu l'occasion de venir en appui à l'Union Régionale des SCOP Ile de France – Centre Val de Loire – Dom Tom (UR ICD) du 22 au 26 octobre 2018. ll s'agissait de diagnostiquer les besoins des Sociétés Coopératives et Participatives (SCOP) et des Sociétés Coopératives d'Intérêt Collectif (SCIC), de caractériser les dynamiques autour des Coopératives d'Activité et d'Emploi (CAE) et de réfléchir avec les dirigeants au déploiement d'une future implantation de la grande UR ICD, chargée du suivi des Dom Tom.

Photo : les missionnaires de l’UR ICD avec l’équipe d’IMAGEEN

De tailles et d'activités très diverses, les SCOP et les SCIC de la Réunion couvrent les secteurs des études et conseils en développement durable, du service à la personne, du commerce, de l'artisanat, de la culture, de l'accompagnement de projet, mais aussi du transport maritime, du bâtiment et de l'expertise comptable.  Au total, 16 sociétés coopératives rencontrées dont 13 sur les 20 adhérentes à l'Union Régionale ICD pour environ une trentaine de sociétés coopératives identifiées sur le territoire. Sur les 16 sociétés rencontrées, 4 d'entre elles étaient des CAE ou des projets de CAE.

Photo : les associés salariés de Métallerie Huisserie Péï

Mise à jour des normes coopératives pour les plus récentes, besoins de financement pour soutenir leur croissance, gouvernance, utilisation de la participation,… : les besoins sont divers et souvent orientés vers le développement. L’expression d’enthousiasmes coopératifs côtoie quelques doutes liés notamment à la méconnaissance des statuts coopératifs par l’environnement économique et institutionnel. 

Photo : l’équipe de Esprit Bois Océan Indien

Au côté des Coopératives d'Activité et d'Emploi historiques, Energies Alternatives, récemment renommée Coop Union, et Dynamique Service, de nouveaux projets de CAE émergent. La structure de l'entrepreneuriat réunionnais orientée vers les Très Petites Entreprises laisse présager d'un réel potentiel pour ces coopératives. Les secteurs couverts, d’abord orientés vers les services à la personne et les métiers de la création pour les plus anciennes, s’ouvrent à plus de diversité. Le bâtiment se teste et l’agriculture suscite l’intérêt. La nécessaire diversité des approches, des cibles, des territoires qu'elles couvrent et le soutien de leurs partenaires sont les clés d’un déploiement ambitieux des CAE à la Réunion et à Mayotte.

Photo : l’équipe des CAE historiques, Coop Union et Dynamique Service

Malgré le succès des formules coopératives à la Réunion, comparativement aux autres départements d'outre-mer, les SCOP et les SCIC sont encore mal connues et véhiculent avec elles les idées reçues habituelles : entreprises sans leader, tournées essentiellement vers l’économie de la réparation, manquant de professionnalisme,... Les entreprises coopératives comme La C.O.R., Esprit Bois Océan Indien, SCOPAD ou IMAGEEN, pour ne citer qu'elles, sont des contre-exemples flagrants de ces clichés, mais sont encore insuffisamment reconnues.

L'union régionale ICD œuvre à la mise en place d'une implantation à la Réunion et à Mayotte pour mieux accompagner les SCOP et SCIC et ainsi lever les freins à leur création et à leur développement. Le dynamisme entrepreneurial et l'importance de la solidarité dans ces territoires sont les deux piliers d’un véritable potentiel de développement.

Un espoir et une réponse au désarroi qui s’empare actuellement de la population face au chômage de masse et à la vie chère. Des réponses coopératives alternatives aux modèles de consommation dominants existent dans l'héxagone, comme le réseau biocoop qui s'engagent de plus en plus dans le développement des SCOP ou la Cagette à Montpellier. Par ailleurs, les formules coopératives ont démontré leurs capacités à créér, développer et perenniser les emplois, et a mieux résister aux situations de crise.  

Les SCOP, les SCIC et les CAE : les modèles d'entrepreneuriat alternatif de demain dans l'Océan Indien ?